Un documentaire fascinant, en salles en ce moment.
On le remarque souvent : le réel parfois dépasse la fiction. Il y a aussi des hommes, et des femmes, qui sont romanciers sans le savoir, en s’inventant des vies, et en les racontant dans le détail à leur entourage. C’est le cas de Ricardo, « l’homme aux mille visages » que nous fait découvrir Sonia Kronlund, la subtile animatrice de l’émission « Les Pieds sur terre » (France culture), dans le documentaire projeté en salles en ce moment. Fascinant personnage, incroyable histoire, enquête à rebondissements, thriller, comédie… ce film nous offre tout cela à la fois.
Ricardo n’a qu’un visage, comme nous, mais si nous n’avons aussi qu’une vie, Ricardo, qui se fait appeler ailleurs Alexandre ou Daniel, qui est tantôt chirurgien thoracique ou ingénieur chez Peugeot, orphelin ou fils de famille richissime, brésilien, argentin ou espagnol, s’en est offert plusieurs. Des vies qu’il conte aux femmes dont il tombe, peut-être, vraiment amoureux, qu’il séduit par sa douceur, sa qualité d’écoute, son histoire, sa sensibilité, qu’il épouse parfois, avec qui il fait quelque fois un enfant, dans plusieurs identités et plusieurs pays en même temps. Jusqu’à ce que l’une ou l’autre de ses compagnes découvre, au détour d’un smartphone ou d’un ordinateur, que tout ce qu’elle croyait et aimait en lui n’était qu’un conte savamment nourri et impeccablement mené.
`Sonia Kronlund a rencontré les amoureuses victimes de celui qui se fait le plus souvent appeler Ricardo et qui est vraiment brésilien. Elle a longuement enquêté sur lui, jusqu’à retrouver sa trace en Pologne chez une de ses épouses. Elle a même réussi à le rencontrer à son insu et à le filmer… Ce qui offre une fin assez réjouissante.
Ne ratez pas ça !
A noter : l’auteure, poussée par une éditrice fascinée elle aussi par cette histoire, en a ensuite fait un livre éponyme chez Grasset (sorti au printemps), qui l’a conduite à parler davantage d’elle : tombée quelque fois, dans sa vie amoureuses, sur des sortes de Ricardo, elle explore le pourquoi de ces rencontres et se rend compte, comme dans son film, qu’il n’est pas besoin d’être particulièrement naïf ou naïve pour tomber amoureux de Ricardos…
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